samedi 30 mai 2009
Inauguration
Bonjour à tous ! Comme je le dis en présentation, le désir qui a présidé à la création de ce blog relève de l'exutoire, l'idée c'est de faire sortir ce qui jusqu'à présent est resté un peu à l'état de macération dans ma tête. Exprimer ses passions, espérer qu'elles trouvent un écho, il n'y rien là d'original, c'est probablement la raison pour laquelle presque tout le monde créé ce type de blog.
Je ne vois pas de meilleur moyen pour ouvrir ce blog que d'expliciter un peu son titre.
Simon Reynolds, dans son bouquin intitulé Rip it up and start again : Postpunk 1978-1984 (une référence absolue, au passage) consacre tout un chapitre à la scène rock écossaisse fin 70's - début 80's centé notamment autour du groupe Orange Juice. Pour aller vite, ce groupe représente pour moi un idéal. J'ai souvent eu des périodes de fanatisme exclusif pour certains artistes, comme si, à un certain moment de notre vie, ils étaient capables de représenter notre "moi profond". Il y a là quelque chose du rapport identaire, quelque chose de profondément adolescent. Maintenant, même si je le reconnais comme tel, je n'en suis pas à rejeter comme puérile ce type de passion. Il n'y a rien de négatif à ce type de fanatisme, et nombreux sont les artistes rock ou autre, à revendiquer ce rapport "adolescent" à la musique. Je pense à Sonic Youth en particulier, qui se sont toujours situés entre une démarche à prétention artistique (leurs rapports avec le monde de l'art sont nombreux, qu'il s'agisse de peinture, de poésie, ou, au premier chef, de musique contemporaine), et d'un autre côté, une véritable glorification de la culture rock dans tout ce qu'elle a d'immédiat, de passionnel, de puéril et parfois de vulgaire. En témoigne leur double stratégie albums rock "classiques" / sorties plus expérimentales sur leur propre label SYR.
Personnellement, je ne peux m'empêcher de visualiser mon rapport à la musique comme une évolution diachronique, marquées par des grandes étapes, des phases d'hégémonie, des révolutions. Bien entendu tout ceci est parfaitement fantasmé (et un poil narcissique ?). Il y a eu l'éveil, un premier amour passionel pour Jamiroquai (ça ne s'explique pas, d'autant plus que j'ai après eu tendance à rejeter tout ce qui pouvait être un peu "groovy"), une période electro, une période punk, Sonic Youth, puis le Velvet Underground, puis les 60's, puis le folk, puis la soul, etc etc...
BREF, longue digression pour en revenir à Orange Juice comme un idéal. Ici, la lecture de tout un ensemble para-musical joue un grand rôle. C'est d'ailleurs presque toujours le phénomène lorsque l'on passe d'une profonde appréciation à un véritable fanatisme : tout ce que l'on peut lire sur un artiste, toutes les images, les vidéos, c'est là qu'il faut rechercher la cause de la passion exclusive, et non pas dans la musique seule (bien sûr, on peut y voir là une sorte de trahison, si l'on pense que c'est la musique le plus important, et ça l'est sans aucun doute).
"Rip it up" d'Orange Juice, titre qui donne son nom au bouquin de Reynolds, est depuis quelques années une de mes chansons favorites. Ce que la lecture para-musicale a rajouté, c'est la compréhension de l'attitude singulière du groupe : refus absolu des clichés rock, attitude naïve et gentiement anti-rock'n'roll du style "pas d'alcool, pas de drogue, pas de groupies"... finalement, ils préfigurent totalement les groupes qu'on taxe "twee" (neuneu) dans les années 80-90 (en gros on pense souvent à Beat Happening, Belle and Sebastian, Shonen Knife...). Images souvent volontairement puériles (le groupe s'appelle jus d'orange !!), paroles opposés à la fois au traditionnel machisme rock. Dans "Simply Thrilled Honey", Edwyn Collins se met dans la peau d'un garçon mal à l'aise qui se fait draguer, sans personnellement avoir envie de quoi que ce soit (on est pas très loin de autodérision d'un Jarvis Cocker) . Chez Belle and Sebastian, cela passe par des références aux séries télévisées pour enfant, aux livres ... En même temps, Orange Juice se trouve toujours à des kilomètres du "romantisme" rock. Simon Reynolds fait la même analyse à propos d'un autre groupe : ce qui les fédère, ce n'est pas tellement un rejet intellectualiste de la culture de masse qu'un rejet de la posture du rockeur torturé (à la Ian Curtis par exemple).
D'un point de vue musical, Orange Juice se définissent eux-mêmes comme une tentative d'allier le Velvet Undergrond et Chic. La fusion funk-rock n'était pas une nouveauté, c'est même un mouvement très général à l'époque, mais disons que le panache d'Orange Juice et les qualités de songwriting d'Edwyn Collins les mettent vraiment à part.
A écouter :
You can't hide your love forever, 1er album, sorti en 1982.
Rip it up, deuxième album (1982 également) avec le single qui tue.
The Glasgow School, compilation de 2005 qui regroupe les premiers enregistrement, à choisir si vous préferez un son plus brut, encore marqué par le punk (Collins était fan des Buzzcocks). Les débuts de l'indie pop.
Quelques vidéos :
Rip it up
Simply Thrilled Honey (pas la meilleure version, préferez celle qui est sur The Glasgow School, mais le clip est marrant.
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